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Il y a de longtemps, chez Jean-Marie Machado, ce goût des passerelles, du saute-frontière et de l'aventure musicale. Un simple coup d'œil (ou plutôt d'oreille....) à sa discographie nous en convaincrait, si nécessaire, depuis le trio qui le vit éclore jusqu'à «Impulse Songs» en passant par «Vibracordes», «La Fête à Bobby», «Andaloucia», «Fiesta Nocturna», et bien d'autres transmutations. La manière dont il se définit comme 'explorateur d'univers musicaux' dit assez la force de sa conviction, et le résultat musical emporte la nôtre. Avec «Pictures for Orchestra» qui fut un programme de concert avant que d'être un disque, c'est pour l'orchestre 'Danzas', formation à géométrie variable et à qualité constante, une sorte d'accomplissement de ce parcours singulier, et singulièrement transversal. Ce qui frappe d'abord, outre la qualité d'écriture, c'est l'excellence des interprètes : instrumentistes hors pair, musicien(ne)s de haut vol, et improvisateurs-improvisatrices rompus à tous les terrains du jeu musical. Il est vrai que les talents se pressent quand le projet est motivant, et en l'espèce il l'est, au delà des plus légitimes espérances. 
La musique se déploie au sein d'univers multiples : ici rôde le souvenir de Robert Schumann, et aussi de la concertiste Catherine Collard, auprès de qui Jean-Marie Machado étudia ; ailleurs c'est un parfum des Balkans, ou une folie de rythmes et de flûte qui nous emporte plus loin vers l'Est ; ou encore, vers l'Ouest, un univers à la Piazzola qui rappelle la rencontre du compositeur-bandonéoniste argentin avec le sax baryton de Gerry Mulligan. Et au fil des plages un lyrisme qui n'aurait pas déparé au temps de la Seconde École de Vienne, puis une bouffée de jazz magnifiée par le sax soprano, sans oublier, furtivement, un espèce de concerto pour orchestre qui dit assez l'amour que le compositeur-pianiste porte au talent de ses partenaires. En effet Jean-Marie Machado ne s'est pas taillé la part du lion dans le répertoire, et même s'il s'offre deux épisodes solitaires, il est clair que l'aventure est d'abord collective, et que le compositeur laisse une large place à des solistes qu'il sait d'exception. C'est ce qui tend à prévaloir au fil du disque : cette musique amoureusement concoctée l'est d'abord pour un groupe, un groupe incarné, indissociable de l'identité artistique de chacun(e) de ses acteurs-actrices. Comme une éthique de la création musicale en somme. Et en musique comme dans les autres arts, l'éthique souvent fonde la puissance de l'esthétique.
Xavier Prevost

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Cantabile – Anna Colombo
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