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Revoilà donc le trio magique avec Daniel Erdmann et Robin Fincker qui depuis quinze ans ne cesse de se réinventer. Cette fois, le jazz west-coast sert d'alibi à des explorations de très haute volée.

Le titre renvoie au Line For Lyons composé en 1952 par Gerry Mulligan en l'honneur de Jimmy Lyons, plus tard directeur du festival de jazz de Monterey, qui devint un véritable hymne du jazz West Coast. De ce jazz-là, les trois complices ont le goût des lignes mélodiques vives et fraiches exposées à l'unisson (par exemple celle de Lion's Den, virtuose, serpentine, rappelant même certains thèmes bebop) et surtout l'art du contrepoint improvisé comme terrain de jeu. Dans ces meilleurs moments, le disque réconcilie jeu ouvert, expérimentations et grande sensualité mélodique et timbrique.La souplesse de jeu des trois musiciens est assez stupéfiante. Elle confère aux différents morceaux imprévisibilité et énergie. C'est parfois abstrait, parfois aride, mais ça trace.
La complémentarité entre le ténor de Daniel Erdmann, âpre, déchiré, avec ce timbre si subtil où le souffle semble l'emporter sur le son, et celle de Robin Fincker à la clarinette, moelleux et nonchalant, élégiaque, cimente le groupe.
Quant à Vincent Courtois, il passe avec une aisance magique du pizzicato à l'archet, esquisse des trames mélodiques qui sont bien plus que des lignes de basse tout en se montrant soliste d'une intensité frémissante. Dans l'étonnement Mulholland Coffee Break au début ses notes tenues, tendues, arrachées semblent celle d'un violon plus que d'un violoncelle. Ensuite le thème arrondit ses angles, en arrivant sur la sonorité laidback de Robin Fincker. Chaque morceau est semé de surprises. Les musiciens sont au sommet de leur art.

Jean-François Mondot
Jazz Magazine

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