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Encore une histoire de cinéma. 1980, j’ai vingt ans. Je suis un assidu des cinés-clubs télévisuels. Patrick Brion sur FR3 propose alors un festival “Les films favoris de leurs réalisateurs”. Dans sa programmation (Hitchcock, Lang, etc.) il y a “The Sun Shines Bright” de John Ford. Je découvre ce film très peu connu et invisible (il n’existe toujours pas en dvd) et je l’adore immédiablement. L’action se déroule vingt ans après la guerre de Sécession. Dans la scène finale, une cohorte de Noirs défile devant la maison du Juge Priest, le héros, en chantant “My Old Kentucky Home, Good Night” dont les premières paroles sont: “The sun shines bright...”. Je suis absolument faciné par cette musique qui ne sortira plus de ma mémoire (le magnétoscope aidant). Quelques années plus tard je vois au cinéma “I Dream of Jeanie” une très médiocre comédie musicale du grand Allan Dwan. Dans ce film biographique sur Stephen Foster, dont toute la musique est constituée de ses partitions, je découvre enfin qu’il est l’auteur de ce morceau que j’aime tant dans le film de Ford. J’apprends aussi qu’il a beaucoup écrit pour les “blackface shows”. Et qu’il est l’auteur de ce “Oh! Susanna” que j’adore dans “Happy Just to be Like I am” de Taj Mahal. Dans une scène du début du film il dit à une mère de famille noire: “Tout ce que je sais de la musique, je le tiens de vous.” Bon. Vingt ans passent. Juin 2003 nous enregistrons “Armistice 1918” avec Peg, Bill Carrothers, Matt Turner et les autres lors d’une séance humainement et musicalement exceptionnelle. Automne 2004, durant les concerts d’Armistice, Matt me fait part de son envie d’un projet autour de Foster avec Bill et Peg. Sans même lui demander quoi/comment je lui donne un oui définitif. Sketch meure, puis Minium. Mais l’envie était tenace. Avec le temps, je me suis rendu compte que l’on “retrouve” Foster dans toute la musique américaine, de Charles Ives (d’ou la version polytonale de “My Old...”) au rock. Depuis mes douze ans je suis un fan de Neil Young, avec ce disque j’ai l’impression enfin de lorgner de son coté. Et ça fait du bien. (PHILIPPE GHIELMETTI)
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